Extrait du blog de Jean-Luc Mélenchon 19 Février 2014

Jour de dictamolle

La dictamolle, ce n’est pas la dictature. La dictature est rustique. Elle surveille, réprime et nécessite une vigilance de chaque instant. En dictature, il y a des morts. La dictamolle est bien plus efficace. Sa formule générale d’action est « cause toujours tu m’intéresses ». Rien ne sert à rien, tout veut dire n’importe quoi et même son contraire. La dictamolle est une situation d’autoritarisme insaisissable. Tout simplement parce que le dictamou vit dans la demie-teinte, mi-chair mi-poisson. Tel le caméléon, il se confond avec le paysage qu’il occupe ; il tient tout le monde hors de portée sous un feuillage de mots truqués, d’humour de muscadin, de blagues et de jeux de communication. La dictamolle de Hollande est un exemple de ce que l’on peut faire dans ce registre extrêmement exigeant en matière de cynisme post-électoral et d’absence d’affect face aux souffrances qu’on déclenche. Mais cette semaine, le dictamou a commis une erreur. Il s’est laissé trop aller dans le paysage qu’il occupait. Et c’est ça qui le rendait trop visible. Bisouter des patrons très discutables, admirer bouche bée le président démocrate qui a espionné son pays : tsssss ! tsssss !

Tenir tête, haut et clair, comme l’a fait Danielle Simonnet à Paris : voilà le chemin à prendre. Trop c’est trop ! C’est le sens de la marche du « ras-le-bol de gauche » dont nous avons proposé le principe ensemble, NPA et PG, avec la proposition de la date du 12 avril prochain. Je ne parle pas ici seulement d’un état d’esprit à reconstruire. Je parle ici de l’entrée dans une nouvelle phase du quinquennat après les deux élections municipales et européennes. Car la déroute du gouvernement ne sera pas seulement un incident de parcours électoral. Le contexte n’est plus celui des alternances à la papa, connues dans le passé. L’ambiance aujourd’hui est d’abord celle d’une combinaison à haut risque. D’un côté, la panique des classes moyennes étranglées et déclassées sur fond de marée montante de la misère générale. De l’autre, la mobilisation exaltée d’une droite de la société unie autour de ses thèmes et objectifs les plus durs. Et, pour finir, l’effondrement de l’autorité du président en exercice. Deux pour cent de « très satisfaits », c’est du jamais vu. Un chiffre en deçà de la marge d’erreur. Les institutions ne sont plus une garantie suffisante face à une conjonction aussi détonante. Pas question de compter les points en attendant le désastre. Je reviens donc sur l’appel à la marche du « ras le bol de gauche ».

Danielle Simonnet a bien raison : le MEDEF est un groupuscule

Vendredi 14 février, lors d'une initiative organisée par l'association Emmaüs, Pierre Gattaz, le meilleur ami de François Hollande, s’est bien fait remettre à sa place par ma camarade Danielle Simonnet, candidate du Front de Gauche à la mairie de Paris. Car l’incendiaire patronal était invité au bal des pompiers sociaux ! Plutôt que de participer à la congratulation générale, Danielle Simonnet a rappelé au président du MEDEF qu'il ne représentait que lui-même ou presque. Décontenancé et ne sachant que répondre, Pierre Gattaz a fui comme un petit garçon. Il a quitté la salle ! Ridicule ! Merci Danielle ! Pauvre homme ! Il venait de descendre de l’avion qui le ramenait de son triomphe aux Etats-Unis dans les bagages de François Hollande ! Mais il ne représente que 8 % des patrons de notre pays, et encore faut-il compter large pour arriver à ce résultat !

De fait Pierre Gattaz a le melon. Il se sent pousser des ailes. Depuis le début du quinquennat, François Hollande cède à tous ses caprices ! Il réalise point par point le programme du MEDEF : gel du SMIC, allongement de la durée de cotisations pour la retraites, facilitations des licenciements avec la loi ANI écrite dans le bureau du MEDEF, baisse des dépenses publiques, refus de l’amnistie sociale, et ainsi de suite. Bref, c’est le seul homme vis-à-vis duquel Hollande se sent engagé lorsque ce dernier souhaite quelque chose. Dès lors, Pierre Gattaz a même pu se permettre de tirer dans le dos des Français en lançant une polémique très marquée par les refrains aux Etats-Unis d’Amérique contre le président de la République. Du jamais vu lors d'un voyage à l'étranger. Mais, ensuite, Hollande l’a même fait applaudir !

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